« Je suis jeune et riche et cultivé ; et je suis malheureux, névrosé et seul. Je descends d’une des meilleures familles de la rive droite du lac de Zurich, qu’on appelle aussi la Rive dorée. J’ai eu une éducation bourgeoise et j’ai été sage toute ma vie. Ma famille est passablement dégénérée, c’est pourquoi j’ai sans doute une lourde hérédité et je suis abîmé par mon milieu.
Naturellement j’ai aussi le cancer, ce qui va de soi si l’on en juge d’après ce que je viens de dire. Cela dit, la question du cancer se présente d’une double manière : d’une part c’est une maladie du corps, dont il est bien probable que je mourrai prochainement, mais peut-être aussi puis-je la vaincre et survivre ; d’autre part, c’est une maladie de l’âme, dont je ne puis dire qu’une chose : c’est une chance qu’elle se soit enfin déclarée. Je veux dire par là qu’avec ce que j’ai reçu de ma famille au cours de ma peu réjouissante existence, la chose la plus intelligente que j’aie jamais faite, c’est d’attraper le cancer« .
Fritz Zorn, Mars, Kindler Verlag GmbH, 1977 – Gallimard, 1979 pour la traduction française, Préface d’Adolf Muschg, Traduit de l’allemand par Gilberte Lambrichs
Glacial.
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Un chef-d’oeuvre, pourtant.
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Le genre de livre que je ne lirai pas. C’est peut-être un chef-d’oeuvre, mais cette façon d’aborder les choses ne me convient pas. Je suis une grande optimiste !
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Il se trouve que j’ai découvert ce livre à l’hôpital (pas pour un cancer) sur le conseil d’un médecin.
Dans ce livre, il ne se passe rien. Rien d’autre que l’expression clairvoyante et grinçante d’une souffrance à fleur de peau – à l’image de celle que je ressentais à l’époque.
Je vous envie, Domi, d’être optimiste !
😉
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Ma vie fut tant parsemée de douleurs que j’ai appris à relativiser et à sortir plus forte de ces épreuves pour moi, bien sûr mais aussi pour ceux que j’aime.
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Lu il y a longtemps, et (évidemment) oublié ; et paf, le retrouver ici réveille un souvenir glaçant mais très aiguisé.
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« Oublié » ???
J’ai rarement lu quelque chose d’aussi affiné dans la description de la psyché humaine.
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Je l’ai lu il y a 25 ou 30 ans, je crois. Mais de toute façon, petit cerveau vite saturé, j’oublie beaucoup depuis longtemps (sauf les trucs autour desquels je radote : renard, fable, et cie) ; jusqu’à ce qu’un éclair ranime le souvenir, et là, paf !!
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Et pif ! j’ai du retard dans mes lectures, notamment chez Carnets P.
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« Et pif » ? quand j’écris « petit cerveau vite saturé », c’est du mien qu’j’cause, bien sûr ! 🙂
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J’avais compris !
Le mien n’est pas mieux ! Y a des jours où je fonctionne sans neurones !
😉
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Pas lu… mais pas envie de le lire…
Il y a des « choses » quand elles remontent en surface, qui donnent envie d’être ailleurs !
On ne sait jamais : l’optimisme est si fragile que mieux vaut ne pas l’ébranler…
Bisous ❤
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